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Association des ami·e·s de l’écologie
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Le capitalisme est un système total – économique, idéologique, culturel, social – dans lequel une écrasante majorité de la population mondiale évolue. Basé sur la propriété privée, et tout particulièrement la propriété privée des moyens de production, il divise la société entre celleux qui possèdent, contrôlent les moyens de production et exploitent les travailleur·eusexs – la classe dominante – et celleux, dépossédé·exs, qui sont contraint·exs à vendre leur force de travail – les ouvrier·èrexs, les infirmier·èrexs, le personnel de ménage, les enseignant·exs,… La recherche de l’augmentation du profit et le désir d’enrichissement sont aux fondements du capitalisme. Pour ce faire, les capitalistes – ceux qui détiennent les capitaux nécessaires à la production – s’accaparent une part des richesses créées par les travailleur·eusexs : la plus-value. Ils réinvestissent ensuite continuellement ces profits afin d’augmenter leur capacité de production et leurs bénéfices. Ils sont ceux qui décident de l’orientation de la production, soit de quoi et comment produire. Ils concentrent ainsi les richesses et le pouvoir sur la société. La définition traditionnelle du système capitaliste proposée ci-dessus a été affinée et critiquée. Ainsi, les féministes ont démontré la place centrale du travail reproductif dans le capitalisme. Travail de soin, travail ménager, travail sexuel, grossesse, éducation des enfant·exs ; la confiscation de ce travail de reproduction de la force de travail est la condition d’existence du profit. Le capitalisme repose dès lors sur un travail invisibilisé, précarisé, naturalisé, féminisé et racisé. Les analyses du capitalisme sont plurielles et ont également évolué avec les changements d’un système d’exploitation qui a su s’adapter pour mieux grandir. Aujourd’hui, nous ne pouvons par exemple pas parler de capitalisme sans souligner l’importance de la sphère financière. Banques et actionnaires concentrent une part gigantesque des richesses. Les produits financiers (actions, obligations,…) et la spéculation sont généralisées. Les crédits privés et la dette des pays du Sud Global sont un marché indispensable au capitalisme. Mais l’essence de ce système n’a finalement que peu varié. En somme, il reste basé sur la propriété privée, le profit, les loisirs (comme Disneyland Paris) et la dépossession d’une majorité d’individus au profit d’une minorité dominante. Il épuise les terres et les corps. Il acte la destruction des biens communs, dépossède le collectif et condamne à l’individualisme. Nous nous déclarons profondément anti-capitalistes et dénonçons les implications mortifères de ce système : l’exploitation du travail humain et des ressources naturelles, la course au productivisme, l’aggravation des inégalités sociales, les sales boulots, le démantèlement des services publics, la ftion totale, la marchandisation généralisée, les politiques d’austérité,… Si, pour beaucoup, le capitalisme est devenu l’unique système possible, c’est le fruit d’un long travail de destruction des alternatives, d’écartement et de censure des adversaires, de naturalisation du capitalisme et de dépolitisation de l’économie. Aussi, pour se légitimer, le capitalisme produit et impose un système de pensée qui s’immisce dans tous les domaines de la vie : méritocratie, responsabilisation individuelle, apologie de la propriété privée, prédominance de l’égalité en droit sur l’égalité réelle, création de besoins artificiels, prétendue auto-régulation du marché… Ces éléments idéologiques sont défendus et portés par les institutions capitalistes, par l’État et les plus riches, notamment au moyen de la presse et de l’éducation. Nous affirmons que le capitalisme n’est pas une fatalité : il a un début historique et trouvera sa fin dans la lutte. Fondé sur l’accaparement et la marchandisation à outrance des terres et du vivant, son avènement est indissociable du colonialisme et des violences envers les personnes MINTA. Il s’est construit avec le pillage colonial, le travail forcé, la traite des esclaves, le génocide des populations autochtones, l’expropriation violente et la chasse aux sorcières anéantissant le pouvoir des personnes MINTA et transformant leur corps en outil de production. Aujourd’hui, il s’imbrique, s’appuie et utilise les systèmes d’exploitation patriarcal et raciste pour exister. Aussi, il est possible, nécessaire et urgent de travailler à le démanteler.
Au niveau mondial, et pour ne citer que quelques exemples des ravages du capitalisme, les 1 % les plus riches de la planète possèdent près de la moitié des richesses mondiales, alors que les 50 % les plus pauvres en détiennent à peine 1 %, que 10 % de la population mondiale vit en situation d’extrême pauvreté et que 25’000 personnes meurent de faim chaque jour. Dans leur course aux profits, les capitalistes, pour s’étendre au niveau mondial, forcent l’ouverture des marchés du Sud Global. Ces pays sont contraints de façonner leur économie pour exporter et répondre aux besoins des pays du Nord. Leur agriculture est déstructurée, l’exportation de matières premières est préférée aux politiques d’autosuffisance, le profit des multinationales l’emporte sur la sécurité alimentaire et sociale. Si le libre-échange se veut désigner une liberté, celle de commercer librement, elle est en réalité une liberté du capital international, une liberté d’exploiter plus largement, de piller les pays du Sud Global. Les institutions internationales garantissent aux capitalistes l’accès aux marchés mondiaux, et les traités internationaux s’attellent à détruire les normes de protection de l’environnement, de la santé et le droit du travail. La Suisse, siège de multiples entreprises et multinationales à l’étranger, capitale du négoce des matières premières, gestionnaire de nombreuses fortunes privées, est au cœur de ce système d’exploitation. Depuis leurs bureaux en Suisse, les traders contrôlent la moitié du négoce mondial de céréales, 40 % du sucre, ou encore 35 % du pétrole. Les violations des droits humains de ce secteur opaque ont largement été documentées. Quant aux entreprises suisses, le géant Glencore exploite par exemple la plus grande mine de charbon d’Amérique Latine, polluant l’eau, les terres et contraignant plusieurs communautés à fuir leur village. Tandis que la population locale se bat contre la destruction environnementale et les graves impacts sur la santé, Glencore augmente ses investissements dans le charbon.
À l’échelle de la Suisse, l’illusion de richesse et de démocratie masque la force du capital, les grandes inégalités, les violences sociales. Près d’une personne sur 10 vit dans la pauvreté, dont un quart est dans cette situation malgré un emploi. Les étranger·èrexs, les personnes âgées, les personnes handicapées et/ou les personnes MINTA y sont surreprésentées. Plusieurs milliers de personnes n’ont pas de logement. Du côté des plus riches, les personnes ayant une fortune qui dépasse le million, soit 6 % de la population, détiennent à eux seuls 67 % de la fortune totale du pays. Ces inégalités ne sont en rien naturelles, elles résultent de décisions politiques. La faiblesse de l’impôt pour la redistribution des richesses est l’une d’elle : les impôts sur les très hauts revenus diminuent depuis des années et ceux sur les entreprises sont parmi les plus bas d’Europe. Aussi, l’imposition de l’héritage est particulièrement basse en comparaison internationale. Les plus riches se transmettent leur richesse de génération en génération et monopolisent les biens : la moitié du patrimoine suisse provient de l’héritage alors qu’un tiers de la population suisse n’héritera jamais. L’exemple est frappant mais aucunement anecdotique. La faiblesse de l’impôt n’est pas une simple erreur, une mauvaise politique qu’il s’agirait uniquement de réformer. Elle est intrinsèque à un système qui profite aux classes dominantes et qu’il nous faudra combattre aux racines. Aucune échappatoire n’est possible dans le capitalisme.
Car il marchandise tout ce qui existe et détruit les communs, le système capitaliste contraint celleux qui ne détiennent pas les moyens de production à vendre leur force de travail aux capitalistes pour survivre. Le contrat de travail n’est pas un contrat d’échange mais un contrat entre deux parties inégales, un contrat de subordination et de dépendance. La relation entre les travailleur·eusexs et le patron est hiérarchisée et leurs intérêts s’opposent : le patron, pour se maintenir dans un système concurrentiel, veut voir ses bénéfices grandir et tentera d’accélérer le rythme de travail et de diminuer les salaires. Ses profits sont le vol légal de la richesse produite par les travailleur·eusexs. À bien des égards, le droit du travail suisse est le paradis des patrons : le licenciement est facile, plusieurs secteurs ne prévoient pas de salaire minimum, la durée des congés payés est très courte en comparaison européenne alors que le temps de travail hebdomadaire, au contraire, est particulièrement long,… L’éloge de l’auto-entreprenariat redore l’image des plateformes comme Uber, dont le développement s’est récemment multiplié. En réalité, elles mènent à l’aggravation de l’exploitation des travailleur·eusexs : manque de protection sociale, concurrence accrue entre travailleur·eusexs, dispositifs d’auto-surveillance et de disciplinarisation, pénibilité du travail difficilement dénonçable, fausse impression d’indépendance qui invisibilise la totale soumission aux plateformes… Et l’auto-entreprenariat est loin d’être le seul terme masquant et atténuant ce qui est en réalité un travail précaire : apprentissage, stage, temps partiel, service civil, travail temporaire,… En ateliers protégés, les salaires des personnes handicapées qui y travaillent dépassent rarement 2.20CHF de l’heure. Déplacements de charges lourdes, horaires irréguliers, exposition aux produits toxiques et accidents de travail expliquent une lourde réalité : un ouvrier mourra en moyenne 6 ans plus tôt qu’un cadre, et sera en bonne santé 10 ans de moins. En 2016, 80 personnes sont mortes d’accidents au travail en Suisse. Quand les classes dominantes érigent le travail et l’effort en valeurs libératrices, nous voyons qu’ils masquent leurs crimes et maquillent l’exploitation. Quand ils prônent le « dépassement de soi », nous voyons qu’ils déshumanisent et vouent à la précarité tous·xtes celleux qui ne répondent pas à leurs normes et critères de productivité. Le relatif faible taux de chômage suisse est souvent invoqué comme exemple du bon fonctionnement économique suisse. Pourtant, celui-ci s’explique notamment par deux facteurs aucunement enviables. D’une part, la politique d’immigration évolue en fonction des besoins économiques : les travailleur·eusexs étranger·èrexs et frontalier·èrexs sont utilisé·exs comme variable d’ajustement permettant d’exporter le chômage. D’autre part, les personnes MINTA sont particulièrement nombreuses à avoir un emploi à temps partiel : en 2020, cela concernait 79 % des personnes catégorisées comme femmes actives et ayant des enfants de moins de 15 ans. Contraintexs au travail domestique, le bas salaire qui résulte du temps partiel ne leur permet souvent pas de se détacher de la dépendance économique des hommes cis. En somme, le faible taux de chômage suisse est le fruit de facteurs patriarcaux, nationalistes et racistes. Si le travail est la forme d’exploitation par excellence du capitalisme, nous ne le limitons aucunement au travail rémunéré. Travail domestique, travail de soin, bénévolat et travail associatif sont autant d’éléments indispensables à créer les conditions nécessaires à l’accumulation du capital. Prenons l’exemple de la santé. Avec des budgets publics extrêmement restreints, un désengagement de l’État, et une marchandisation et privatisation de la santé, toute une partie du système de santé – alourdit notamment par la crise écologique qui a mené à la pandémie du Covid 19 ou la multiplication des maladies chroniques – est déviée vers des proches ou des bénévoles. Ce travail gratuit essentiel à la survie de milliers de personnes – et majoritairement réalisé par les personnes MINTA et les personnes racisées – permet à l’État de se concentrer sur d’autres dépenses plus productives selon lui – telles que les dépenses militaires – et aux assureurs de s’enrichir. Selon une étude de l’observatoire suisse de la santé, en 2016, sur une année, 23 % de la population a renoncé à se rendre chez lea médecin ou à suivre un traitement médical recommandé pour des raisons financières. Les personnes migrantes renoncent 6 fois plus aux soins que les résident·exs suisses. La privatisation, loin d’être réservée au système de santé, est une politique phare du capitalisme actuel. Éducation, transports, retraites, médias, tous les secteurs sont concernés. Mis à prix, ils en deviennent guidés par le seul critère de la rentabilité. Ainsi, la privatisation généralisée soumet l’ensemble de nos existences à l’enrichissement des classes dominantes. Nos vies valent plus que leurs profits. Nous lutterons contre l’accaparement et ferons refleurir des communs.
En 1937, dans un contexte de conflit social et politique et de grève, un accord entre patronats et syndicats horlogers est signé en Suisse. Il acte la nécessité des négociations lors de conflits et le renoncement à toute mesure de lutte telles que la grève. Au fil des années, la droite parvient à ériger cette convention en mythe de la paix du travail et elle se veut aujourd’hui faire partie intégrante de l’identité suisse. Aussi, tant au 19e qu’au 20e siècle, les milieux patronaux et l’État opposeront systématiquement les bon·nexs travailleur·eusexs suisses aux grévistes étranger·èrexs, appuyant des politiques racistes et délégitimant la grève comme pratique anti-suisse. Mais l’histoire est claire : les avancées sociales qu’ont connu la Suisse sont le fruit de luttes sociales menées ici et dans les pays voisins. L’apparent consensus cache la violence de l’exploitation et invisibilise les nombreuses résistances qui lui ont été opposé. Nous ferons ressurgir l’histoire des oppressé·exs. Le statu quo sert les intérêts des classes dominantes, qui maintiennent le capitalisme par la pacification et la répression. Nous nous inscrivons dans l’histoire de ces luttes sociales qui refusent l’hégémonie capitaliste. Cet héritage militant nous porte dans nos résistances. Pour renverser ce système destructeur, nous devons nous organiser. Il n’y aura pas de changement sans mouvement capable de l’imposer. Combattons l’exploitation, exproprions et collectivisons, démantelons les centres de pouvoir, construisons les possibilités de s’extraire de la marchandisation, bâtissons des solidarités et des communs.
Ce que beaucoup nomment la « crise écologique » n’a pas grand-chose d’une crise. Il n’y a rien de soudain ou de momentané dans le ravage savamment organisé qui est en cours. Les impacts écologiques de la croissance sont bien connus depuis plus d’un demi-siècle. Le constat actuel est sans appel : les infrastructures et le fonctionnement du système capitaliste éradiquent la vie, détruisent les conditions d’existence de millions d’espèces et nous condamne avec elles. 69 % des vertébrés sauvages dans le monde et 80 % de la population d’insectes en Europe ont disparu. Chaque année, près de 1300 milliards d’animaux non-humains sont tués pour enrichir les industries spécistes de la viande, pour la plupart sans même voir la lumière du jour et dans l’exploitation la plus totale. Le capitalisme mondialisé est un rouleau compresseur qui extermine de manière systématique le vivant. Quant au dérèglement climatique, actuellement évalué a 1.1°C d’augmentation par rapport à la moyenne pré-industrielle, il nous laisse imaginer le pire : toujours plus de sécheresses, d’incendies, d’inondations et autres évènements météorologiques extrêmes s’enchaînent. Mais celui-ci est considéré comme une seule des neuf limites planétaires à ne pas franchir pour préserver le potentiel d’un cadre de vie sûr et juste pour l’humanité. Six sont déjà outrepassées. Nous nous rapprochons dangereusement de certains seuils qui, une fois franchis, engendrent un emballement irréversible du climat, une planète invivable. Il n’est plus possible d’isoler ces constats : toute menace sur les écosystèmes est destructrice pour le climat et le dérèglement du climat est destructeur pour le vivant. Mais soyons clair·exs : aujourd’hui déjà, des territoires densément peuplés deviennent inhabitables, en témoignent les chaleurs mortelles en Inde et au Pakistan en mars 2022. Près de 3,6 milliards d’individus vivent dans des conditions de forte vulnérabilité au changement climatique et près d’un milliard d’entre elleux devront fuir leur pays d’ici 30 ans. Le ravage écologique est une menace existentielle qui touche de plein fouet les pays du Sud Global, les plus précaires, les femmes et/ou personnes LGBTQIA+, les personnes handicapées, les personnes âgées ou plus vulnérables. Une partie considérable de l’humanité se voit condamnée à l’exil, à l’exploitation, à la guerre ou à une mort prématurée à cause des pollutions, des catastrophes ou juste des conditions de vie affligeantes. Les répercussions du désastre capitaliste et de ses conséquences écologiques se comptent en millions de mort·exs. 4.2 millions de décès en 2015 sont dus uniquement à la pollution (particules fines) et plus encore, à cause de nouveaux virus directement liés à la destruction d’écosystèmes. Le Covid-19 est un exemple frappant, véritable maladie du capitalisme mondialisé. Ce ravage ne tombe pas du ciel, il porte un nom, il se matérialise dans des structures, des entreprises, des institutions et des idéologies. Une guerre est menée contre le vivant et face à celle-ci il nous faut contre-attaquer et construire dès à présent un monde à la hauteur de nos espérances, un monde écologique et solidaire.
Le ravage écologique en cours ne peut pas être dissocié des violences sociales qu’il entraîne. Il est une conséquence des systèmes d’exploitations, d’un rapport au monde destructeur qui place l’humain, — et plus encore l’homme blanc, riche et valide ainsi que son idéologie —, en maître sur la nature et le reste du monde. Une idéologie qui définit celleux qui ont un droit à avoir des droits, à exister et à prospérer dans l’opulence et les autres, les exploité·exs. Loin de réconcilier l’humanité dans une lutte commune pour sa survie, les conséquences écologiques de la mondialisation capitaliste creusent toujours plus les inégalités. L’écart de responsabilité face au ravage entre les élites économiques et la majorité précarisée ainsi que l’écart en termes d’exposition aux impacts écologiques et climatiques sont affligeants. Les 50% les plus pauvres de la population mondiale — qui ne possèdent que 2% des richesses — ne contribuent qu’à 12% des émissions de gaz à effet de serre, les 1% les plus riches, plus du double. Ce sont les populations colonisées, les plus pauvres et marginalisées qui subissent le plus directement et le plus violemment les conséquences d’un système qui ne leur a jamais profité et qui leur a été imposé par la force. Historiquement, les conquêtes coloniales, les enclosures et la relégation des femmes et/ou personnes LGBTQIA+ au travail reproductif sont constitutives du modèle capitaliste qui, en détruisant les formes d’organisation autonomes, en privatisant les terres et les moyens de productions, en contraignant au travail par l’esclavage, le salariat et le modèle familiale hétérosexuelle, a mis au service des plus riches l’ensemble de la population et du vivant. Aujourd’hui encore, les possibilités d’existences écologiques, libres et autonomes que revendiquent nombre de communautés du Sud Global sont niées aux profits des multinationales qui pillent, exploitent, exproprient et tuent. L’impérialisme et les pratiques néocoloniales des États occidentaux et des entreprises internationales maintiennent une part considérable de l’humanité dans la violence, l’exploitation et la précarité. Ainsi, la race, la classe et le genre sont profondément liés à l’expérience et à la violence du désastre écologique en cours. Par conséquent, nous nous opposons à l’idée d’Antropocène qui fait porter la responsabilité d’une catastrophe digne d’un changement d’air géologique à la population humaine dans son ensemble lorsque celle-ci découle directement du mode d’organisation capitaliste, patriarcal, colonial et raciste. Nous préférons parler de Capitalocène. Mais, sans surprise, les gouvernements, les puissances économiques et les plus riches profitent largement de ce système et ne semblent pas prêts à y renoncer. Dans leur course sans fin aux profits et leur soif de pouvoir, les capitalistes doivent constamment étendre leur contrôle, trouver de nouvelles manières de croître, de nouveaux marchés. Cette logique destructrice entraîne nécessairement une marchandisation généralisée de la vie. Nos existences se mettent donc au service de la recherche effrénée du profit qui nécessite à la fois l’exploitation humaine, le maintien de fortes inégalités et la destruction des écosystèmes. L’ordre actuel est anti-écologique, anti-démocratique et anti-social, il porte en lui la guerre et la mort. En son sein, même les catastrophes climatiques deviennent sources de spéculation et de profit, à l’image des « obligations catastrophes », des « marchés carbone » et des « droits à polluer ». Les plus riches jouent avec la mort sans jamais se mettre en danger, ils n’ont à craindre ni les bombes, ni les famines : ils les produisent. Face à la trajectoire autoritariste des États-Nations et à la montée des forces réactionnaires et fascistes, il nous faut réhabiliter le célèbre mot d’ordre de Rosa Luxemburg, « Socialisme ou barbarie ». L’écologie n’est plus une option, c’est une nécessité, un projet révolutionnaire et intersectionnel qui peut et doit rompre avec l’ordre en place, pour éviter la barbarie qui s’annonce. En Suisse, bon nombre de multinationales sont exemplaires dans leur participation active à l’écocide, aux violations des droits humains et autres violences qui font loi lorsque le profit prime sur la vie. À titre d’exemple, la multinationale minière Vale a ignoré délibérément tout avertissement sur la sécurité d’une de ces infrastructures, entraînant, à la suite de l’effondrement d’un de ces barrages miniers au Brésil, la mort de plus de 270 personnes. Considéré comme le plus grand désastre écologique du pays, la rupture du barrage a déversé des millions de tonnes de résidus toxiques en contrebas, rasant des villages de la carte et détruisant durablement les écosystèmes alentours.
Après des décennies de négation et de désinformation face au ravage, les puissances économiques et politiques multiplient maintenant les stratégies pour ne pas être tenues responsables des désastres qu’ils ont causés et causent toujours. Depuis la fin des années 70, Exxon et Total, géants pétroliers, disposent de données précises et exactes sur le dérèglement climatique. C’est en connaissance de cause qu’ils ravagent le monde. Ils ont financé à coup de millions la désinformation pour empêcher tout changement et continuent sans peine les méga-projets qui nous condamnent. Aujourd’hui, ils osent se placer comme seules puissances en mesure de nous sauver. Leur projet : gérer et organiser la destruction du vivant avec la complicité des États pour la rendre acceptable et reporter systématiquement la responsabilité du ravage sur les individus. Avec une multitude de technologies, ils pensent pouvoir se substituer à la complexité de la biodiversité, support nécessaire et irremplaçable à la vie. Les « énergies vertes » par exemple viennent donner bonne image à des géants qui continuent d’investir massivement dans les énergies fossiles et dans l’extraction minière. Celles-ci ne font que délocaliser les émissions et la destruction dans les pays du Sud Global où les populations sont contraintes à produire et extraire dans des conditions affligeantes les futures batteries de Tesla et autres silicium, uranium, terres rares, lithium, ou cuivre pour que l’Occident atteigne une pseudo « neutralité carbone ». De plus, ces nouvelles sources d’énergies ne font que s’additionner et, quelles qu’elles soient, « vertes » ou non, elles soutiennent une infrastructure productive dépendante des énergies fossiles et destructrice. La transition écologique, élément central dans le discours des patrons et gouvernants, au même titre que le développement durable ou encore la compensation carbone, n’est rien d’autre que de nouvelle justification de l’ordre en place. Un ordre reposant sur des guerres de ressources, sur l’expropriation et la violence, vrai visage de ce système. L’écologie capitaliste est aussi creuse que leurs promesses.
Le ravage écologique impacte d’innombrables façons nos quotidiens et recoupe inévitablement les autres formes d’oppressions, qu’elles soient néocoloniales et racistes, cis-hétéro-patriarcales, validistes ou classistes. Cela nous impose de considérer nos luttes écologistes comme complexes et multiples. Elles doivent s’attaquer à tous les systèmes de domination, être émancipatrices, solidaires, anticapitalistes et intersectionnelles, capables de s’allier aux forces révolutionnaires. Nous ne pouvons ni nous satisfaire de l’écologie des gouvernements, ni nous abandonner à un effondrement du système, évènement mortel dont l’attente plonge des milliards d’individus dans la précarité matérielle. Pour exister et faire le poids, nos luttes se doivent de quitter les approches individualisantes des petits gestes, de s’opposer à la classe dirigeante en bâtissant des contres-pouvoirs, des alliances, des coalitions révolutionnaires. Nous devons puiser nos forces dans les luttes passées et présentes, se nourrir de la multiplicité de nos combats, des résistances anti-impérialistes des peuples autochtones, avant-garde de la lutte écologiste, du syndicalisme révolutionnaire et des mouvements féministes, LGBTQIA+ et antiracistes. Il nous faut contre-attaquer, empêcher le ravage, gagner du terrain et faire reculer toujours plus ceux qui détruisent nos vies. Mais nous devons également faire fleurir de nouvelles formes de solidarités avec comme fil conducteur la perspective de l’autonomie, en mettant en place une démocratie radicale, en créant des réseaux d’entraide et de gratuité, en réapprenant à cultiver, à réparer, à se soigner, à prendre collectivement en charge les conflits et la violence. Nous devons démanteler et désarmer les institutions du pouvoir, définir ensemble et démocratiquement l’orientation de la production. En bref, construire l’autonomie dès aujourd’hui. En Europe et plus encore en Suisse, nous portons la responsabilité de combattre dans les rouages du capital. Organiser la lutte ici, c’est s’opposer aux multinationales, aux banques et aux assurances qui siègent autour de nous et amorcer une mise en lien internationale impérative pour faire face aux puissances de la finance, du pétrole, des matières premières, de l’agroalimentaire ou de la pharma. La lutte que nous menons est aussi un combat culturel, contre l’idéologie dominante, patriarcale, raciste, libérale et nationaliste qui nous divise, qui déchire nos liens avec le vivant et nous lie au ravage par contrainte (travail, consommation, etc.). Rien ne changera par le simple fait de demander à ceux qui nous dirigent de bien vouloir rompre avec leurs intérêts. Nous devons nous organiser collectivement pour imposer un rapport de force suffisant à un renversement du système en place. Un renversement qui ne se fera pas par la simple force de la jeunesse écolo. Celui-ci nécessitera la reconnaissance de la place centrale dans un mouvement révolutionnaire des classes travailleuses, des plus précaires, des personnes racisée·xs et des personnes subissant la domination patriarcale. S’il y a une transition qui peut nous sortir de la catastrophe, elle n’est pas au sein du capitalisme mais en son dehors. C’est une transition d’un système à un autre, une révolution.
Les Dissidentes sont pensées pour être un moment d’effervescence ! Ateliers de tout type, vie collective et auto-gestion, balades guidées, performances, films ou concerts, ce week-end pour une écologie radicale et intersectionnelle se structure autour de l’envie de permettre rencontres, formations et partages, foisonnement de perspective et d’espoir, tissage de sens entre les luttes écologistes passées et celles qu’il nous reste à mener en lien avec les autres combats contre l’oppression. Retrouvons-nous ces 4 jours durant pour réaffirmer un front écologiste, anticapitaliste et intersectionnel, déterminé à renverser l’ordre établi !
Notre objectif : expliciter l’ampleur de la destruction du vivant, analyser les origines capitalistes, coloniales et patriarcales de l’écocide, parler des imbrications actuelles et passées des questions écologiques avec la classe, le genre, la race et les autres systèmes d’oppression et donner des perspectives de lutte.
DES CONFÉRENCES ET TABLES-RONDES AVEC…
DES DISCUSSIONS, ATELIERS ET PROJECTIONS AVEC…
DES EXPOSITIONS…
DES PERFORMANCES, THÉÂTRE ET CONCERTS AVEC …
UNE PROGRAMMATION ENFANTEXS AVEC…
DES ATELIERS PRATIQUES…
« En Europe, seul un projet de libération du système colonial-capitaliste pourra participer à régler le problème du réchauffement climatique »
Fatima Ouassak

Les dissidentes : La Filature, Chemin de la condémine, 1315 La sarraz
Camping : Ferme Iseli, Route de Dizy 1
Le nombre de places de parc n’est pas illimité… favorisez le train si vous le pouvez !
Pour profiter pleinement des 4 jours, un camping sera accessible à ~15 minutes à pied de la Filature, avec une partie en mixité choisie sans mecs cis. Prenez vos tentes !
Pendant les 4 jours, une cantine servira des repas vegan (petit dèj, midi et soir)
Un espace enfant/garderie sera ouvert pendant tous les ateliers et conférences.
Une charte d’accessibilité est disponible ici avec une longue liste d’infos sur l’accessibilité de la Filature et le matériel qui y sera disponible (accès pmr, casques anti-bruit,…). Nous aurons une voiture adaptée pour le transport de personnes en chaise roulante.
Tu peux aussi te presqu’inscrire pour nous informer de votre venue, ce de manière anonyme et non-engageante. Tout le monde sera de toute façon bienvenue mais ce formulaire permet de prévoir le monde qui viendra et aussi d’anticiper les besoins de tout le monde.
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